Phèdre - Acte I, scène 3 - Extrait (fin de la scène)
ŒNONE
Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés,
Par vos faibles genoux que je tiens embrassés,
Délivrez mon esprit de ce funeste doute.
PHÈDRE
Tu le veux ? lève-toi.
ŒNONE
Parlez : je vous écoute.
PHÈDRE
Ciel ! que lui vais-je dire ? et par où commencer ?
ŒNONE
Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser.
PHÈDRE
Ô haine de Vénus ! Ô fatale colère !
Dans quels égarements l’amour jeta ma mère !
ŒNONE
Oublions-les, madame ; et qu’à tout l’avenir
Un silence éternel cache ce souvenir.
PHÈDRE
Ariane, ma sœur ! de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !
ŒNONE
Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?
PHÈDRE
Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
ŒNONE
Aimez-vous ?
PHÈDRE
De l’amour j’ai toutes les fureurs.
ŒNONE
Pour qui ?
PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs…
J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
ŒNONE
Qui ?
PHÈDRE
Tu connais ce fils de l’Amazone,
Ce prince si longtemps par moi-même opprimé…
ŒNONE
Hippolyte ? Grands dieux !
PHÈDRE
C’est toi qui l’as nommé !
Enone: In nome delle lacrime che ho per voi versate, per le deboli ginocchia che tengo abbracciate, fate che un dubbio atroce da voi mi venga tolto.
Fedra: Tu lo vuoi? Alzati!
Enone: Parlate: ascolto.
Fedra: Cielo! da dove comincio? che sto per dire?
Enone: Cessate, con vani timori, di farmi soffrire.
Fedra: Oh odio di Venere! Oh fatal livore! In quali eccessi finì mia madre per amore!
Enone: Dimentichiamoli, signora, e l’avvenire d’eterno silenzio ne copra il sovvenire.
Fedra: Arianna, sorella, dall’amore lacerata sulle sponde moristi dove fosti abbandonata.
Enone: Che fate, signora? E quale mortale tedio il sangue vostro ha preso ora d’assedio?
Fedra: Venere lo vuole: di quel sangue deplorevole muoio per ultima, io, la più miserevole.
Enone: Siete innamorata?
Fedra: Dell’amore ho tutti i furori.
Enone: Per chi?
Fedra: Stai per udire il culmine degli orrori... Amo... Rabbrividisco a quel nome fatale.
Enone: Chi?
Fedra: Quel che dall’Amazzone, lo sai, ebbe il natale, quel principe lungamente da me perseguitato.
Enone: Ippolito?
Fedra: Tu l’hai nominato!
Traduzione di R. Carifi, Feltrinelli, Milano, 2008
ŒNONE
Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés,
Par vos faibles genoux que je tiens embrassés,
Délivrez mon esprit de ce funeste doute.
PHÈDRE
Tu le veux ? lève-toi.
ŒNONE
Parlez : je vous écoute.
PHÈDRE
Ciel ! que lui vais-je dire ? et par où commencer ?
ŒNONE
Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser.
PHÈDRE
Ô haine de Vénus ! Ô fatale colère !
Dans quels égarements l’amour jeta ma mère !
ŒNONE
Oublions-les, madame ; et qu’à tout l’avenir
Un silence éternel cache ce souvenir.
PHÈDRE
Ariane, ma sœur ! de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !
ŒNONE
Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?
PHÈDRE
Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
ŒNONE
Aimez-vous ?
PHÈDRE
De l’amour j’ai toutes les fureurs.
ŒNONE
Pour qui ?
PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs…
J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
ŒNONE
Qui ?
PHÈDRE
Tu connais ce fils de l’Amazone,
Ce prince si longtemps par moi-même opprimé…
ŒNONE
Hippolyte ? Grands dieux !
PHÈDRE
C’est toi qui l’as nommé !
Enone: In nome delle lacrime che ho per voi versate, per le deboli ginocchia che tengo abbracciate, fate che un dubbio atroce da voi mi venga tolto.
Fedra: Tu lo vuoi? Alzati!
Enone: Parlate: ascolto.
Fedra: Cielo! da dove comincio? che sto per dire?
Enone: Cessate, con vani timori, di farmi soffrire.
Fedra: Oh odio di Venere! Oh fatal livore! In quali eccessi finì mia madre per amore!
Enone: Dimentichiamoli, signora, e l’avvenire d’eterno silenzio ne copra il sovvenire.
Fedra: Arianna, sorella, dall’amore lacerata sulle sponde moristi dove fosti abbandonata.
Enone: Che fate, signora? E quale mortale tedio il sangue vostro ha preso ora d’assedio?
Fedra: Venere lo vuole: di quel sangue deplorevole muoio per ultima, io, la più miserevole.
Enone: Siete innamorata?
Fedra: Dell’amore ho tutti i furori.
Enone: Per chi?
Fedra: Stai per udire il culmine degli orrori... Amo... Rabbrividisco a quel nome fatale.
Enone: Chi?
Fedra: Quel che dall’Amazzone, lo sai, ebbe il natale, quel principe lungamente da me perseguitato.
Enone: Ippolito?
Fedra: Tu l’hai nominato!
Traduzione di R. Carifi, Feltrinelli, Milano, 2008